France – Cardiologue à l’hôpital européen Georges Pompidou, le Dr Nicole Karam a de fortes attaches avec le Liban. Suite à la double explosion qui a ravagé Beyrouth mardi 4 août, elle décrit pour Medscape édition française la situation médicale dramatique qui règne dans les hôpitaux, telle que la lui ont rapportée ses contacts sur place. Voici son témoignage qui évoque une médecine de catastrophe, survenant de plus dans le contexte de la pandémie de Covid-19 et d’une crise économique majeure dans le pays :
« Tous les autres hôpitaux de Beyrouth ont été endommagés »
« La prise en charge des blessés est catastrophique. Deux grands hôpitaux ont été fortement endommagés et doivent évacuer une partie de leur patientèle. L’un d’entre eux est quasiment détruit. On rapporte des décès chez les infirmières. Tous les autres hôpitaux de Beyrouth ont été endommagés par l’explosion, avec des vitres brisées, des faux plafonds effondrés, qui compliquent la prise en charge. Les hôpitaux ont été rapidement submergés par les blessés.
« On opère les patients hors des blocs »
Hier soir, à 20h30, l’hôpital universitaire Hôtel Dieu de France, situé à trois kilomètres du port, était déjà en train de prendre en charge 500 blessés. L’hôpital de l’université libano-américaine se retrouve saturé et manque de sang. Il a admis 300 blessés en début de soirée. On opère les patients hors des blocs. Certains blessés sont soignés directement dans la rue. On refuse les blessés les plus légers.
« Les semaines à venir vont être effroyables »
Le Liban a été en guerre et les hôpitaux ont déjà été confrontés à des afflux de blessés. Mais là, l’afflux est massif. On a toute sorte de blessures et la zone du port est en train d’être déblayée pour retrouver des survivants. La situation est gravissime d’un point de vue médical, surtout dans ce contexte du Covid-19. Les patients se mélangent, avec ou sans masque. Les semaines à venir vont être effroyables. Je me demande comment les hôpitaux vont pouvoir gérer en plus la situation liée au Covid-19, sans compter qu’ils vont devoir effectuer des réparations. Des hôpitaux de campagne vont être montés aujourd’hui, avec l’aide de pays comme le Qatar, qui a envoyé du matériel. La France devrait aussi envoyer des moyens supplémentaires. (Lire Après la double explosion à Beyrouth, la France envoie une importante aide humaine et matérielle) »